Floreffe – Guerre 40-45 – 5 septembre 1944, Riverre-Malonne Port, mêmes peurs, même délivrance

En février 2022, Monsieur Philippe Messer nous adresse un courrier après la lecture de notre article sur le récit de la libération de septembre 1944 évoquant la présence des GI’s installés rue Riverre à Floreffe. Il évoque une scène qui se passait à cet endroit selon ses dires, là où se trouvaient ses parents, à proximité d’un entrepôt abritant des trams. Il nous rapporte les propos suivants de sa maman: « Je me souviens de ce jour-là, le 4 septembre 1944 alors que des Malonnois fêtaient la libération. Un char américain stationnait à proximité, et suite à des tirs Allemands, il fut rejoint par d’autres blindés qui ripostèrent à leur tour. Cet épisode dura entre une et deux heures. Mon père et moi nous sommes réfugiés dans le dépôt des trams tandis que mon frère et ma mère ont rejoint les caves du café d’en face. »
En réponse à son commentaire, nous avons collecté quelques renseignements sur l’endroit qu’il évoque, en l’occurrence chez madame Chantal Godfrin. Le bombardement cité par celui-ci renseigne un dépôt de trams à la rue Riverre et les caves d’un café où sa famille s’était réfugiée.

Notre témoin nous communique, en mars 2022, quelques précisions complémenatires :

« Ma mère Adèle Herszkowicz, ses parents Jacques et Karola ainsi que son grand frère Maurice vivaient à Bruxelles. Mais à un moment de la guerre, ils ont été cachés à Malonne. Maurice est d’abord arrivé début 1943 à l’Institut Saint-Berthuin, avec le faux nom « Halluent ». Le frère-préfet s’est ensuite arrangé pour faire venir le reste de la famille, hébergée rue du Tombois, chez M. Albert Clause. Jacques a eu de faux papiers avec le nom « Van Dam » ».

« Concernant le 5 septembre 1944, ils étaient au lieu-dit « Le Rivage », où se trouvait un char américain et quelques villageois. Mon oncle se souvient qu’un drapeau allemand a été brûlé. Des tirs allemands ont commencé, et c’est à ce moment que ma mère et son père se sont réfugiés au dépôt de trams « Malonne-Port » et que sa mère et son frère se sont précipités dans le café juste en face du dépôt de tram. Les combats ont duré entre 1 et 2 heures ».

En réalité l’endroit se situe au lieu-dit Malonne-Port, sur le côté gauche de la chaussée, direction Namur. Deux entrepôts supplémentaires se trouvaient en arrière, côté droit, avant le carrefour de la route menant vers le centre du village où se trouvent actuellement une librairie et une friterie. Les trams sont alimentés par du bois, on distingue le panache blanc par-dessus la cheminée. La ligne 544 assure la liaison entre Namur et Saint-Gérard en passant par Malonne Malpas, Bois-de-Villers et Lesve (actuellement ligne de bus numéro 6).

 

Sur la photo du café-restaurant qui se trouve à la limite des deux villages, on remarque qu’à l’époque le numéro de téléphone 30 dépend de la centrale de Floreffe. A l’arrière de la photo d’époque, un seul bâtiment, celui de la famille Constant, surplombe le quartier de Malonne Port. Deux grandes caves s’étendaient sous le café-restaurant. On remarque une terrasse accueillante à l’entrée de celui-ci qui sera démolie lors des travaux de rectification de la Sambre et de la voirie.

Les époux Maron-Remy, arrière-grands-parents de Chantal, ont ouvert le café entre 1920-1923. Ses grands-parents Godfrin-Bajart reprennent le flambeau à la fin de la guerre et le transmettent à leur fille Rosalie, la maman de Chantal, fin des années 40. L’établissement sera baptisé officiellement « Le Prince de Liège » ou aussi pour la plupart des habitués « Chez Rosalie » au début 1950, jusqu’à sa retraite en 1980. Chantal n’a pas repris l’établissement qui changera trois fois de nom selon les différents tenanciers.  Lors de la dernière reprise, Chantal a vivement souhaité que le café-restaurant retrouve son enseigne d’antan, « Le Prince de Liège ».

Lors de la construction des silos, entre 1968 et 1973, le Prince de Liège assurait une partie de l’intendance, car les ouvriers  travaillaient par pauses 24 heures d’affilée. Certains furent aussi hébergés et des centaines de litres de potage distribués jour et nuit aux équipes de travailleurs.

Nous remercions Chantal et son époux Albert Gérard pour les renseignements et le prêt de photos ainsi qu’Alain Meulenbeek.

La construction de la ligne Namur – Saint-Gérard via Malonne fut l’aboutissement de vingt années de discussions: on en parlait déjà en 1874 ! Un premier tronçon de huit kilomètres, jusqu’à Malonne Port, via Salzinnes et Bauce, fut ouvert en 1892. Trois ans plus tard, la ligne était achevée, desservant le Malpas, Insepré, Bois-de-Villers et Lesve. A certains endroits, le tram suivait la grand-route; ailleurs (notamment au Fond de Malonne), il roulait en site propre, passant derrière les maisons. Dès 1913, la section Namur – Malpas était électrifiée, mais sa prolongation jusqu’à Saint-Gérard ne le fut qu’en 1947. Au lieu-dit Les Anges, entre Bois-de-Villers et Lesve, un embranchement permettait de rejoindre la vallée de la Molignée, via Bioul et Warnant. La section Malonne – Saint-Gérard a été fermée au trafic en 1952. Le dernier tram entre Namur et Malonne a circulé le 16 mai 1953.

Les informations reprises ci-dessus sont consultables en détail à cette adresse : https://malonnetransitionne.be/SM/wp-content/uploads/2019/09/10.-Le-tram.pdf

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