Floreffe – Guerre 14-18 – 2nd Canadian Division Artillery – Ammunition Column

La 2nd Ammunition Column est, en langage militaire, le train qui accompagne l’artillerie divisionnaire et prend en charge le ravitaillement ainsi que l’approvisionnement en munitions.

Après l’Armistice du 11 novembre 1918, cette unité fut envoyée en occupation dans la région de Cologne. Les diverses sections qui la composent sont stationnées à Bergheim, Eschmar (Troisdorf) et le QG est à Sieglar (Troisdorf).

Fin janvier 1919, l’ordre de mouvement vers la Belgique est donné :

  • La première section se rendra de Bergheim à Wahn Station pour prendre ses quartiers à Moustier-sur-Sambre ;
  • La seconde section, en provenance d’Eschmar et via Troisdorf, débarquera à Namur le 31 janvier pour se diriger vers Franière et Soye où elle sera cantonnée ;
  • Enfin, la section de commandement partira de Sieglar vers Siegburg ; arrivée à Namur, elle rejoindra dans un premier temps Jemeppe-sur-Sambre pour ensuite rallier Floreffe. Le journal de marche de cette section s’arrête en février 1919 mais des photos datées de mars attestent sa présence à cette période ; selon certaines sources, les Canadiens seraient même restés jusqu’au mois d’avril.

Voici quelques extraits du journal de marche et opérations situant le contexte. Ensuite, grâce aux documents d’archives familiales retrouvés par monsieur Jacques LEMAIRE de Salzinnes, dont la famille de son épouse (MASSART) habitait Soye (rue Saint Roch, actuel numéro 11), nous vous ferons découvrir la vie quotidienne des soldats.

Voici  un résumé de ce que monsieur LEMAIRE nous écrit :

Les documents que je vous ai envoyés  appartenaient à ma belle-mère Jeanne Massart. 
Il s’agit de photos prises par un soldat canadien en 1919, qui était (avec d’autres) hébergé chez les grands-parents maternels de mon épouse à Soye.
Une amitié a été entretenue avec ce Canadien via la sœur aînée de ma femme jusqu’à la fin des années 70 au décès de ce monsieur (NDLR Charles Keith Morisson).
Elle avait une dizaine d’années quand il était à Soye ; ma belle-mère, 4 ans.

Journal de marche et opérations, janvier 1919. 

Journal de marche et opérations, février 1919. 

A la lecture des quelques extraits ci-dessus du journal de marche et opérations, nous constatons que la vie à Floreffe est faite de routine, d’exercices, de parades et défilés. Les soldats présents participaient également à la garde des dépôts de matériel laissé par les Allemands lors de leur retraite vers leur Fatherland. Ils ont également voyagé dans les alentours et fait de petites ‘excursions’, par exemple jusqu’à Dinant ou sur les champs de bataille en France.

Nous vous présentons ci-dessous les souvenirs du Corporal Charles Keith Morisson qui vécut trois mois à Soye, dans la famille MASSART, avec trois autres frères d’armes. Ces hommes parlaient un peu le français et avaient été surnommés (ou s’étaient surnommés…) le Grand (Morisson), le Gros, le Blanc et le Vieux… A l’arrière des photos, l’identification des personnages se fait via ces surnoms!

A la fin de cet article, vous découvrirez un arbre généalogique succinct de la famille MASSART établi par la famille, ainsi que la correspondance échangée avec C.K. Morisson après la guerre.

Charles Keith Morisson est originaire de la province du Québec, comme en atteste son dossier militaire. II s’engage volontairement en mars 1915 à l’âge de 24 ans, au centre de recrutement de Montréal où le matricule 619 lui est attribué. Après les tests médicaux requis, il est déclaré apte au service et est versé dans la Divisional Ammunition Column de la 2ème division canadienne. Il participera à la bataille de France, occupera l’Allemagne à la fin de la guerre (région de Cologne), stationnera trois mois en Belgique (Soye) et sera ensuite rapatrié au Canada, via l’Angleterre. Il sera démobilisé en mai 1919 et coulera des jours heureux jusqu’à sa mort, survenue le 25 avril 1977 à l’âge de 84 ans dans la ville de Victoria en Colombie Britannique.

Cliquer sur le lien pour accéder au dossier militaire complet de C.K.Morisson.

Le roi d’Angleterre George V lui octroie la Military Medal par ordre publié dans la London Gazette du 11 mars 1919 (voir page 38). Cliquer sur le lien pour accéder  à la publication.

Soye en 1919. Les Canadiens chez Jeanne MASSART et une vue de la chapelle Saint-Roch.

Un des soldats canadiens de Soye se fait photographier à Floriffoux. En arrière-plan, l’église de Floriffoux et son clocher. La photo est prise depuis la rue de Dorlodot. Remarquez, qu’à cette époque les rues étaient encore en terre. Le curé de Floriffoux avait son opinion sur nos libérateurs…

Un incident à Franière : la chute d’un avion postal en mars 1919.
Un biplan de l’armée anglaise assurant la liaison postale Cologne-Angleterre se posa assez brutalement à Franière, comme en témoigne la photo ci-dessous. Il s’agit d’un bombardier De Havilland, reconverti en transport postal.

En poussant un peu les recherches, voici les informations que nous avons pu obtenir :

SOME INDIVIDUAL AIRCRAFT CONFIRMED ON FILTON AERODROME
1915 to 1919 : The Westland Aircraft Works products.
Airco D.H.9A light bombers, H3396 to H3545 built under contract 35A/2077/C2410 dated 17 July 1918 was delivered between December 1918 and August 1919. Confirmed at the Bristol A.A.P:- H3425, H3427, 10/1/19. 

Source : South Gloucestershire Compendium 1914 to 1918.

Une descente vers Floreffe. 
L’abbaye, vue de la Sambre: un des Canadiens de Soye pose au premier plan. La seconde photo nous montre un magnifique coucher de soleil sur l’abbaye. La troisième photo est plus classique et nous montre une vue de Floreffe et du Séminaire.

En descendant un peu plus bas, notre photographe est tombé sur du matériel allemand entreposé dans l’entité. Il faut ici faire le lien avec la carte annotée qui se trouve dans le journal de marche et opérations du 2nd Canadian Div Machine Gun Battalion. Au verso de la première photo, la légende met ‘french’ (français) mortars (mortiers) puis, entre parenthèses, ‘german’ (allemand). Il s’agit effectivement de matériel allemand.

Un petit saut jusqu’à Moustier pour y photographier des prisonniers allemands au travail. 

Une petite escapade à Dinant et sur le champ de bataille, sur la colline de l’Oratoire Notre-Dame de Lorette à Sosoye. 

Après guerre, la famille MASSART entretient donc une relation amicale et postale avec C.K. Morisson. Aux traditionnels échanges de vœux de fin d’année, viennent s’ajouter des lettres qui évoquent les souvenirs passés.

Remerciements
L’équipe Bibliotheca Floreffia remercie chaleureusement monsieur Jacques LEMAIRE qui nous a communiqué les documents sur James K. Morisson et nous a permis de reproduire ses photos.

Hervé Legros et l’équipe Bibliotheca Floreffia, Novembre 2021.

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