Franière – élections communales du 11 octobre 1964

Dans un article précédent, nous avons décortiqué les élections communales de Franière du douze octobre 1958.
Les années ont passé, nous voici maintenant arrivés au onze octobre 1964.
La liste électorale arrêtée à la date du premier octobre 1964 recense 981 électeurs (ils étaient 940 six ans plus tôt) se répartissant entre 513 femmes et 468 hommes. Toutefois, déduction faite des absents au vote (malades, à l’étranger, retenus pour raisons professionnelles, etc.), 927 bulletins sont comptabilisés à l’ouverture des urnes, soit 468 dans le bureau de vote n°1 et 459 dans le bureau n°2.
Ces deux bureaux installés dans l’école des garçons seront ouverts de 8h à 14h. Quant au bureau principal, il est toujours présidé par M. Norbert GOFFETTE, instituteur en chef. Le conseil communal, réuni en séance le dix-neuf août 1964, a fixé les montants de jetons de présence à allouer aux membres de ces différents bureaux.

 

Comme en 1958, deux listes sont aux prises: la liste de tendance catholique n°1, menée cette fois par Jean-Paul SERVOTTE, conseiller sortant, et la liste socialiste n°2 par le bourgmestre sortant, Marcel BRUART. Nous constatons que deux conseillers sortants (liste Intérêts communaux) ne se présentent plus : il s’agit de MM. Jules CLITUS et Henri LEON
Voici la composition de chacune de ces deux listes :

Liste n°1 : Intérêts communaux

  1. Jean-Paul SERVOTTE
  2. Laurent VERSTRAETE
  3. Georges GOFFAUX
  4. Léon ROISIN
  5. Octave MARTIN
  6. Florent PIETQUIN
  7. Léon DINANT
  8. Florent GERARD
  9. Amand LAURIERS

Liste 2 : PSB 

  1. Marcel BRUART
  2. Gustave RADU
  3. Joseph CHARLIER
  4. Léon HENUZET
  5. Marcel GUILLAUNE
  6. Xavier BASTIN
  7. Roger GILLAIN
  8. ??? LARIVIERE
  9. Charles HALLOIN

Le dépouillement des bulletins débute à 15h15’ et MM. Octave MARTIN (liste n°1) et Marcel BRUART (liste n°2) siègent comme témoins de listes.
912 bulletins valables (dont dix-neuf bulletins panachés) sont comptabilisés ainsi que quinze bulletins blancs et nuls; la liste n°1 obtient 430 votes et la liste n°2, 463.
Ce score serré permet donc à la liste socialiste d’emporter cinq sièges, soit la majorité, les quatre sièges restants étant attribués à la liste n°1 de tendance catholique.
L’écart entre ces deux listes – qui était de 77 voix en 1958 – se réduit cette fois à 33 voix.
Le panachage donnera un quotient respectivement de 4,55 voix et 4,22 voix aux listes n°1 et 2.

Les voix de préférence personnelles transparaissent du tableau ci-dessous et les cinq meilleurs scores des deux listes confondues sont les suivants:
1. Laurent VERSTRAETE, 214 voix
2. Marcel BRUART, 154 voix
3. Gustave RADU, 83 voix
4. Léon HENUZET, 77 voix
5. Léon ROISIN, 61 voix

A noter que parmi les sortants, à l’exception de M. Joseph CHARLIER, les réélus sont : MM. BRUART, RADU, HENUZET et GUILLAUME (pour le PSB), MM. VERSTRAETE et SERVOTTE (pour la liste Intérêts communaux).
Ainsi, le nouveau conseil communal installé le douze janvier 1965 comportait six anciens mandataires pour trois nouveaux promus.

A l’occasion de cette séance inaugurale, les conseillers prirent connaissance de deux communications importantes: la validation des élections communales par une délibération de la Députation permanente du Conseil provincial de Namur du vingt-neuf octobre 1964 et la nomination de M.Marcel BRUART à la fonction de bourgmestre par arrêté royal du 24 décembre 1964.

Les suppléants pour ce qui les concerne, sont – dans l’ordre de préférence – les non-élus suivants: MM. GOFFAUX, MARTIN, DINANT et PIETQUIN pour la liste n°1. MM. CHARLIER, GILLAIN, LARIVIERE et HALLOIN pour la liste n°2.
Un observateur attentif aura remarqué que rien n’avait changé pour ce qui concerne la représentation féminine pour laquelle  toujours aucune percée n’est à relever …Quant à l’origine géographique des élus, sept habitent le centre de la localité, un le quartier de  Deminche et un autre, celui de  Trémouroux. Quatre sont employés, quatre autres ouvriers et un, cultivateur.
La surprise survient où on ne l’attendait pas lors de la séance d’installation du douze janvier 1965, à l’occasion de l’élection des échevins.
Logiquement, les deux candidats socialistes présentés – MM. RADU et HENUZET – devaient recueillir les cinq voix de la majorité de même couleur pour décrocher respectivement les écharpes de premier et ensuite, de second échevin. Mais un grain de sable vient gripper la machine électorale : chacun de ces candidats ne recueille que … quatre voix ! À chaque tour de vote (il y en aura trois pour chacun), un bulletin blanc est découvert dans l’urne.
Dans ce cas de ballotage, après le troisième scrutin, c’est le plus âgé des candidats qui est proclamé élu, en l’occurrence (le hasard fait bien les choses ?), dans les deux cas, c’est le candidat du PSB qui l’emporte. M.Gustave RADU siégera donc en qualité de premier échevin et Léon HENUZET comme second échevin.
Les choses semblent bien être rentrées dans l’ordre mais ce bulletin blanc témoigne pour le moins d’un malaise ou d’une mésentente dans la majorité qui n’augure rien de bon pour les six années qui viennent…

Nous consacrons la dernière partie de cet article à la campagne électorale ayant précédé le scrutin du 11 octobre 1964 en publiant quelques tracts. Nous ne disposons malheureusement que de ceux émanant du candidat de la liste n° 1, Laurent VERSTRAETE, cultivateur à la ferme de Deminche. Nous remercions à cet égard Madame Rita VERSTRAETE-GOETHALS pour le prêt de ces documents
Il nous paraît toutefois important de reprendre ces tracts – même partiaux -, car la seule présentation administrative du déroulement des élections ne permet pas de nous replonger dans le climat politique d’une époque et des débats inhérents à cet exercice démocratique.
Avec 214 voix, – soit soixante en plus que le bourgmestre socialiste sortant -, Laurent VERSTRAETE aura été plébiscité par l’électeur franièrois. S’il avait soulevé quelques reproches à l’encontre de Marcel BRUART (réparations des voiries, manquements en matière de politique du réseau d’eau potable, absence de primes à la construction), il s’était surtout ému des attaques qu’il qualifie de «racistes» portées contre lui par le bourgmestre (ce dernier l’aurait traité de flamingant).
Autrement dit, il s’agit ici essentiellement de répondre à des attaques personnelles, ce qui était chose courante à l’époque dans ces joutes électorales.

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