René Jadot – 5e partie 

Espoir de retour et esprit de résignation

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Réveillé très tôt le 1e janvier
1917. Ma première pensée

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s’envole vers vous autres tous
en vous souhaitant une bonne
et heureuse année meilleure
que celle qui vient de finir
heureusement. J’espère toutefois
vu que les souhaits durent tout
ce mois, j’espère vous formu-
ler mes souhaits de vive voix.
Attendons…. Un souhait aux
camarades, un souhait de
prompt retour, ici on ne connaît
que cela. Après une courte
causerie nous dînons. Recevons
la visite d’Arthur P29 Gustave F30
qui nous souhaitent la bonne
année, nous débouchons une
bonne bouteille de cognac !!!
et fumons un bon cigare.
Nous attendons avec vive

29 Vraisemblablement Arthur PHILIPPOT
30 Vraisemblablement Gustave FONTAINE

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impatience des souhaits de chez
nous. Après midi l’interprète vient
nous annoncer que les non-chômeurs
peuvent être réclamés par leur
famille et bourgmestre en présentant
des certificats. Espoir de retour.
Le 2/1/17 on nous sert le matin
le cacao au lit, excellent. La
matinée se passe assez vite je reçois
la visite d’Ernest31 qui nous annonce
son prochain retour. (Je lui donne
un mot). Après midi normale.
Je rédige ces notes en attendant
la soupe maïs(qui me goute bien)
(on est tout habitué maintenant à
la vie du camp). Le 3/1/17 je profite
qu’on appelle les hommes au bureau
pour renouveler ma réclamation
du 28/12/16. A part cela rien
de nouveau.

31 Ernest CLOSSET est revenu en Belgique le 14/01/1917

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Le 4/1/17 journée ordinaire le
temps semble long d’autant que l’on
ne reçoit pas de correspondance.
Le 5/1/17 on annonce enfin des lettres
qui seront distribuées après la soupe
de midi. Je reçois une carte
de Lilie32 datée du 27/12/16 m’annon-
çant que tout va bien à Floreffe
ce qui me remet un peu. Main-
tenant une de chez moi j’espère…
Le 6/1/17 avant la soupe de midi
je reçois une carte de Marie
du 28/12/16 qui me donne encore
un peu d’espoir. Le 7/1/17 journée
ordinaire je me couche de suite
après la soupe de 5 1/2h je reste
étendu sur ma paillasse jusqu’au
8/1/17 à 9h du matin. Cette journée
est très froide il neige. Nous conve-

32 Aurélie GUILMAIN

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nons de rester couchés toute la
journée pour avoir chaud aux pieds
car il n’y aura du feu que vers
3 heures. Nous fumons notre cigarette
et restons étendus jusqu’au souper.
Nous aurons dormi au moins pour
un an d’avance ici … Le 9/1/17
rien de nouveau. Le 10/1/17 je reçois
les certificats de la maison toujours
avec bonne espoir comme moi.
Nous passons encore ce jour la
visite du docteur. Le 11/1/17 rien
de nouveau. Le 12/1/17 je suis appelé
au bureau avec des cultivateurs
pour remplir une fiche avec
nom et profession. Ce jour aussi
quelques Floreffois retournent dans
notre cher village, quelle veine
mais attendons…

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Le 13/1/17 je reçois une carte
de l’ami Paulin. Les journées
sont froides il neige. Nous apprenons
une grande nouvelle : le mariage
de l’ami Fernand Dieudonné.
Le 14/1/17 matinée normale
toujours la neige aussi nous
restons paisibles dans la
baraque. J’attends tout de
même avec vive impatience
la journée de demain car
paraît-il ceux qui ont été ap-
pelés au bureau auraient
chance de retourner au
prochain chargement. Que
Dieu le veuille.

Le lundi 1er janvier 1917, René se réveille très tôt.
«Ma première pensée s’envole vers vous autres tous en espérant mieux pour 1917».

En effet, l’espoir est vif de rentrer avant la fin du mois. En adressant ses vœux aux camarades restés au pays, le déporté rappelle le souhait de chacun des exilés d’un prompt retour, «ici on ne connaît que cela», note-t-il dans son carnet.
Et l’interprète du camp vient de leur annoncer que les non-chômeurs peuvent être réclamés par leurs familles et le bourgmestre en présentant des certificats.
Mais nous sommes le premier de l’an et avec ses camarades Arthur et Gustave, ils ont quand même pu déboucher une bonne bouteille de cognac et fumer un bon cigare !
Le deux janvier au matin, son ami Ernest lui annonce son prochain retour à Floreffe.
Aussi ne manque-t-il pas de renouveler dès le lendemain, sa réclamation du 28 décembre.
Les jours suivants se traînent dans la monotonie et la routine de «la vie des camps » à laquelle il se dit «maintenant tout habitué». Même les dimanches passent inaperçus et sans correspondance, le temps semble bien long …
Pourtant, il reçoit une carte d’Aurélie le cinq et une autre de Maria le six : tout va bien à Floreffe, ce qui réconforte et rend un peu d’espoir à René.
En ce début janvier, la neige tombe à gros flocons et les journées sont toujours très froides : pour avoir chaud aux pieds – on n’allume le feu que vers quinze heures dans la baraque-, ces désœuvrés restent couchés toute la journée. «Nous aurons dormi au moins pour un an d’avance ici », note René qui perd rarement son sens de l’humour.
Il y aura bien une visite du docteur, une carte de l’ami Paulin, la réception de certificats de chez lui et un appel au bureau pour remplir une fiche avec nom et profession, mais pas de quoi remplir les pages du carnet de notre malheureux pour une quinzaine de jours. Avec ses camarades, ils «restent paisibles dans la baraque» en priant Dieu d’être du prochain «chargement » pour rentrer au bercail. Quelques Floreffois (les veinards!) sont bien « retournés dans leur village» le douze janvier …

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