Espoir de retour et esprit de résignation
Le lundi 1er janvier 1917, René se réveille très tôt.
«Ma première pensée s’envole vers vous autres tous en espérant mieux pour 1917».
En effet, l’espoir est vif de rentrer avant la fin du mois. En adressant ses vœux aux camarades restés au pays, le déporté rappelle le souhait de chacun des exilés d’un prompt retour, «ici on ne connaît que cela», note-t-il dans son carnet.
Et l’interprète du camp vient de leur annoncer que les non-chômeurs peuvent être réclamés par leurs familles et le bourgmestre en présentant des certificats.
Mais nous sommes le premier de l’an et avec ses camarades Arthur et Gustave, ils ont quand même pu déboucher une bonne bouteille de cognac et fumer un bon cigare !
Le deux janvier au matin, son ami Ernest lui annonce son prochain retour à Floreffe.
Aussi ne manque-t-il pas de renouveler dès le lendemain, sa réclamation du 28 décembre.
Les jours suivants se traînent dans la monotonie et la routine de «la vie des camps » à laquelle il se dit «maintenant tout habitué». Même les dimanches passent inaperçus et sans correspondance, le temps semble bien long …
Pourtant, il reçoit une carte d’Aurélie le cinq et une autre de Maria le six : tout va bien à Floreffe, ce qui réconforte et rend un peu d’espoir à René.
En ce début janvier, la neige tombe à gros flocons et les journées sont toujours très froides : pour avoir chaud aux pieds – on n’allume le feu que vers quinze heures dans la baraque-, ces désœuvrés restent couchés toute la journée. «Nous aurons dormi au moins pour un an d’avance ici », note René qui perd rarement son sens de l’humour.
Il y aura bien une visite du docteur, une carte de l’ami Paulin, la réception de certificats de chez lui et un appel au bureau pour remplir une fiche avec nom et profession, mais pas de quoi remplir les pages du carnet de notre malheureux pour une quinzaine de jours. Avec ses camarades, ils «restent paisibles dans la baraque» en priant Dieu d’être du prochain «chargement » pour rentrer au bercail. Quelques Floreffois (les veinards!) sont bien « retournés dans leur village» le douze janvier …
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