Les constantes
Du 12/2 au 25/2/1917
Les constantes : le froid, la nourriture, le courrier – Confection de listes de déportés –
Des châteaux en Espagne? Alternance d’espoirs et de déceptions.
Ces deux semaines se traînent mortellement au camp de Cassel pour les déportés soumis à des alternances d’espoirs de retour suivis de déceptions de voir sans cesse reportée, l’échéance tant attendue de retour au pays.
Le quotidien reste invariablement scandé par le souci de la nourriture, le froid qui sévit toujours, l’attente et la joie lors de la réception de nombreux courriers : pas moins de dix cartes pour René Jadot sur ces deux semaines !
Pour se prémunir de l’hiver, il passe le plus souvent ses journées soit dans le bureau des chefs, mieux chauffé, soit dans le baraquement, sous les couvertures. L’apparition du soleil est si timide qu’elle est notée soigneusement lorsqu’elle se produit.
De petits colis de nourriture commencent à arriver et la solidarité aidant au partage, l’ordinaire s’en trouve amélioré par des biscuits, des conserves, des bonbons pharma-
ceutiques (?) et des … cigarettes. Un jour cependant, René se plaint de mal de dents qu’il attribue au pain trop dur.
Soudain, coup de théâtre ! Le dimanche 18 février, à 17 h., de très nombreux hommes de la chambrée partent pour une destination inconnue. C’est ainsi que des 250 qu’ils étaient dans le baraquement, ils se trouvent désormais réduits à vingt; du groupe de copains de René, seul reste avec lui son ami Georges. Le lendemain, sa chambrée est regroupée avec deux autres. C’est le troisième déménagement avec, à chaque fois, tout leur équipement, ce dont s’amuse René :«Décidément, nous voilà arrivés comme les escargots !».
Il est maintenant avec les trois frères Fontaine, son copain Georges et une nouvelle connaissance, Émile Gégo, de Tongrinne. Tous, sauf notre Floreffois, ont reçu des petits colis. Il les attend donc avec impatience.
Le jeudi suivant, 22 février, des bruits circulent… René et ses amis sont appelés au bureau des chefs, tout équipés, car ils figurent sur la liste d’appelés par l’interprète.
«Un grand pas est fait vers notre chère Belgique», songe René en quittant leur baraque, mais l’anxiété subsiste. Même s’il semble que cette fois, ce soit la bonne, attention à ne pas bâtir des châteaux en Espagne…
René cependant, éternel optimiste, est convaincu que ce 25 février, c’est le dernier dimanche qu’il passe au camp de Cassel.
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