Morosité générale
Du 26/2 au 11/3/1917.
Morosité générale – Solidarité de la chambrée – Attente sans fin.
Que le temps semble long à celui qui vit dans l’attente d’une délivrance, en l’occurrence le départ du camp de Cassel après une captivité de trois mois pour un retour au pays tant espéré.
Il y a bien les courriers reçus, nombreux : quatre lettres – il en totalise ainsi 54! -, un petit colis et un mandat de dix marks qui lui permettra de s’acheter une paire de sabots.
Les journées se passent au lit, sous les couvertures, car le froid est toujours piquant dans la chambrée où il n’y a pas de feu, faute de charbon.
Les distractions sont rares et c’est ainsi qu’il note l’organisation le 27 février, «d’un petit concert accordéoniste, chose qui ne s’était plus présentée depuis bien longtemps, tout le monde étant devenu morose».
Le mercredi 28 février, il note le départ vers Namur d’un «transport d’invalides où sont compris des Floreffois dont le camarade Maurice». René ne pourra s’empêcher de penser, le dimanche, qu’à Floreffe, «il y a un des derniers veinards de la semaine (Maurice ou autres) qui explique la vie du camp, etc…». Mais dimanche prochain, peut-être sera-ce lui le veinard ?
La réception d’un mandat de dix marks et de petits colis qu’ils s’empressent de partager entre eux contribue quelque peu à l’amélioration de l’ordinaire : c’est ressenti comme une compensation pour le moral.
Le lundi 5 mars, c’est la douche froide : tous les appelés doivent être au bureau à 15 h.1/2 où on leur annonce «qu’ils sont obligés à s’engager vu que leur réclamation est refusée». Mais fin de semaine, alors que ses copains les trois frères Fontaine quittent la baraque avec regret, René est lui, toujours dans l’attente.
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