Soye- guerre 40-45 – le ravitaillement pendant la guerre

Introduction

Dès le mois d’août 1940, les premiers problèmes liés au ravitaillement se posent. Pour éviter une famine parmi la population et donc la grogne, la rébellion ou la résistance, l’occupant met en place un plan de cultures obligatoires. Les agriculteurs ne sont pas très heureux de ce plan et rechignent à devoir cultiver des denrées qui seront réquisitionnées par les Allemands, telles que le colza, la betterave, les pommes de terre ou les céréales; mais ils obtempèrent. Les produits autres que les denrées alimentaires, comme le charbon ou les tissus sont également réquisitionnés et un système de rationnement se met en place. Des cartes et des timbres de ravitaillement sont distribués à la population via les maisons communales permettant ainsi à chacun de se procurer les biens de première nécessité.

Ci-dessous, un extrait du journal La Province de Namur du 7 novembre 1940 qui explique aux Floreffois où et quand se rendre à la distribution des timbres de ravitaillement.

Ci-dessous, nous reproduisons une carte de ravitaillement ainsi qu’une feuille de timbres qui étaient en vigueur à Floreffe en 1946, ayant appartenu à la famille BEDUIN de Floreffe. En effet, le rationnement a été en vigueur tout au long de la guerre mais a été également prolongé dans les années 1946 et début 1947, comme en atteste l’article du journal Vers l’avenir du 16 mars 1946 ainsi que l”extrait d’une délibération du conseil communal de Floreffe du 15 décembre 1947.

En ville, la situation alimentaire est catastrophique et toutes les sources de nourriture sont mises à profit. Par exemple, la pêche en Meuse gagne en popularité! A la campagne, la faim se fait moins ressentir. Chaque famille ou presque cultive son potager et élève des animaux tels que poules, lapins, cochons,… parfois, des citadins n’hésitent pas à occuper leurs maisons de campagne pour bénéficier de la proximité des fermes.
Néanmoins, certaines personnes, même habitant la campagne, n’arrivent pas à subvenir aux besoins alimentaires de leur famille et demandent de l’aide aux agriculteurs.

Comme expliqué ci-dessus, la ration alimentaire n’était pas suffisante et chacun essayait de la compléter, soit en faisant appel aux bonnes volontés ou à la générosité, soit en recourant au marché noir.

Monsieur Gérard BAUCHE a permis à Bibliotheca Floreffia d’accéder à ses archives concernant cette période et plus particulièrement celles concernant le ravitaillement. En effet, de nombreux habitants du village, mais aussi de l’extérieur, ont sollicité son père, Elie BAUCHE, fermier à Jodion et châtelain de Soye, pour obtenir un supplément de nourriture. Celui-ci s’est toujours montré bienveillant et généreux envers ses concitoyens et en particulier, les personnes dans le besoin.  Nous reproduisons ci-dessous, quelques exemples de courriers lui adressés.

Il est intéressant de lire ces correspondances qui permettent de se rendre compte de la misère de centaines de familles, mais aussi de constater que les demandeurs argumentent toujours leurs requêtes et parfois mettent en valeur un lien d’amitié, une connaissance commune ou encore une qualité particulière ou une référence à un statut d’ancien combattant ou invalide de guerre 14-18.

Soye

Floreffe

Floriffoux

Franière

De la lecture de ces courriers – M. BAUCHE nous en a remis soixante-et-un -, nous pouvons tirer quelques observations. Ainsi leur nombre  tout d’abord, dont l’origine se répartit comme suit : quatre pour Soye, cinq pour Floriffoux, dix-neuf pour Floreffe et trente-trois pour Franière. Si l’on estime la population de chacune de ces communes – environ  800 habitants à Soye, 700 à Floriffoux, 1400 à Franière et 3 100 à Floreffe -, la proportion n’y trouve évidemment pas son compte !
Ainsi, selon les chiffres de la population, nous devrions avoir ceci :
Floreffe : 52%
Franière : 23%
Soye: 13%
Floriffoux : 12%
Or, les demandes se répartissent comme suit :
Floreffe: 31%
Franière: 54%
Soye: 6,5%
Floriffoux: 8,5%
 
Comment interpréter ces distorsions ?
Nous posons tout d’abord comme acquis, que les documents reçus de M. Gérard BAUCHE sont les seuls adressés à son père pour la période concernée 1940-1943. La plus grande proximité avec M. BAUCHE des habitants de Soye et Floriffoux n’explique pas entièrement la faible demande écrite.
Dès lors, l’explication qui paraît la plus plausible est la structure même de ces quatre villages: Soye et Floriffoux ainsi que les nombreux hameaux et les écarts constituant Floreffe (Buzet, Sovimont, Lakisse ou encore Robersart, Mauditienne, …) sont plus ruraux quand Franière-centre est davantage marqué par la Glacerie et une population ouvrière. D’autre part, les demandes d’aide portent toutes exclusivement sur du froment nécessaire pour faire de la farine et ensuite du pain. Aucune ne porte sur des pommes de terre ou autres légumes; cela se comprend car seuls les agriculteurs sèment du blé alors que beaucoup de personnes sont à même de planter et récolter des pommes de terre et divers légumes dans leur potager.
 
Ces demandes, elles sont formulées sous différentes formes qui vont de l’obséquiosité à la gêne de devoir «mendier» comme le souligne un instituteur de Floreffe, M. GASPARD. Les demandeurs qui connaissent bien Elie BAUCHE savent qu’il est grand patriote et officier de réserve: exciper de sa qualité d’ancien combattant, déporté ou prisonnier doit donc le sensibiliser davantage encore.
 
Par ailleurs, sa générosité dépasse les limites du village de Soye. Nous savons en effet que s’il vendait ses céréales au juste prix et non au marché noir, il en allouait aussi gracieusement aux personnes vraiment dans le besoin et  certains auront bénéficié de ses largesses pendant toute la durée de la guerre. Les électeurs de Soye ne l’oublieront pas puisqu’il deviendra échevin suite aux élections communales d’octobre 1958.

Bibliographie et remerciements

Le texte introductif est basé sur les panneaux didactiques de la Province de Namur, édités dans le cadre de l’exposition itinérante consacrée à la Seconde Guerre mondiale et intitulée ‘Mes parents ne me disaient pas tout’. Pour plus d’information : https://www.patrimoineculturel.org/la-seconde-guerre-mondiale-en-province-de-namur.

Bibliotheca Floreffia remercie monsieur Gérard BAUCHE pour le prêt des lettres dont nous avons reproduit quelques spécimens.

Nous restons à la disposition de nos lecteurs si d’aventure ils désirent nous contacter pour en savoir plus sur les autres lettres en notre possession.

Hervé Legros et l’équipe Bibliotheca Floreffia, juillet 2022.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

dix − 1 =